Quel impact la COVID-19 a-t-elle eu sur l’Internet dans le monde ? Nous venons de publier le rapport intitulé Impact de la COVID-19 sur l’Internet au Bangladesh, au Bhoutan et au Pakistan, l’une de nos nombreuses études consacrées à l’impact régional de la pandémie mondiale. Voici les principales conclusions du dernier rapport.
La transformation numérique ne peut avoir lieu sans une infrastructure Internet robuste et résiliente
Nous entrons dans la troisième année de la crise pandémique, et pourtant la situation est loin d’être stabilisée. À mesure que le travail et la vie continuent de migrer en ligne, la numérisation des secteurs et des industries s’accélère. Il devient donc urgent pour chaque économie de disposer d’une infrastructure Internet robuste et résistante.
Dès le début de la pandémie en 2020, le Bangladesh, le Bhoutan et le Pakistan ont connu une augmentation de 20 à 30 % du trafic de données en raison de l’essor sans précédent de l’enseignement à distance, du télétravail, du commerce électronique, des services administratifs en ligne et de la consommation de contenu sur les réseaux sociaux et les plateformes de diffusion en continu.
Notre rapport met en lumière ce qui se passe lorsque l’infrastructure Internet est défaillante. Ce rapport, qui a été réalisé dans les pays d’Asie du Sud-Ouest, contient de nombreuses suggestions sur la manière d’améliorer l’infrastructure Internet.
Le faible débit et la mauvaise qualité de l’Internet risquent de laisser la population à la traîne
Selon une enquête menée auprès des utilisateurs de ces trois pays, l’infrastructure Internet a subi des pics de trafic au détriment de la qualité du service pour les personnes qui l’utilisent.
Les personnes interrogées ont déploré une vitesse, une fiabilité et une régularité de connexion à l’Internet insatisfaisantes, même lorsqu’elles payaient plus cher, en particulier dans les zones rurales. Au moins 60 % des personnes interrogées ont estimé qu’il était difficile de travailler ou d’apprendre à distance en raison de la lenteur des débits et des déconnexions fréquentes. Ce chiffre est passé à 85 % dans les zones rurales du Bangladesh et à 100 % dans celles du Pakistan.
Dans ces trois pays, la vitesse du haut débit avant la pandémie était déjà bien inférieure à la moyenne de l’Asie du Sud et du Sud-Ouest (exception faite de la vitesse du haut débit mobile au Pakistan).
Un changement stratégique s’impose pour mettre fin aux mesures de secours à court terme
Les gouvernements et les fournisseurs de services du Bangladesh, du Bhoutan et du Pakistan ont lancé de nombreuses initiatives d’urgence pendant la pandémie, en fournissant des volumes de données supplémentaires, des tarifs spéciaux et un accès gratuit aux ressources sanitaires et éducatives, en prolongeant la validité des services prépayés et en proposant des options de paiement flexibles.
Ces initiatives ont permis aux utilisateurs et aux petites entreprises de passer aux services en ligne. Cependant, il s’agissait de mesures de secours temporaires. Ces avantages ont disparu aussi vite qu’ils étaient apparus. Pourtant, l’apprentissage à distance et le télétravail ont perduré, et de plus en plus de services se retrouvent en ligne, tandis que les entreprises sont appelées à suivre la tendance à la transformation numérique.
Les personnes qui sont privées d’un accès à l’Internet à haut débit et fiable ont plus que jamais besoin de soutien. Sinon, ils risquent fort d’être laissés pour compte.
Pour combler le fossé numérique, il nous faut adopter une approche multidimensionnelle et collaborative
L’analyse par pays que nous présentons dans le rapport examine les raisons de la piètre qualité des services Internet et celles pour lesquelles l’Internet n’est pas accessible et abordable pour tous dans cette région.
Elle met en évidence les facteurs qui rendent l’Internet coûteux et inaccessible, notamment : le manque de liaisons sous-marines en fibre optique, la faible pénétration des lignes fixes, la faible attribution du spectre, le faible rapport fibre-pylône, un écosystème de contenu numérique sous-développé et le manque de points d’échange Internet (IXP).
Un autre rapport, consacré à l‘impact de la COVID-19 sur les performances de l’Internet en Afghanistan, au Népal et au Sri Lanka, s’est intéressé aux perspectives des utilisateurs, à la résilience des réseaux, aux performances et à l’état de l’infrastructure Internet.
Ces deux études présentent de nombreuses perspectives sur la manière d’améliorer l’accès à l’Internet, son caractère abordable et la qualité des services. Elles montrent également comment accélérer la reprise après une pandémie ainsi que le progrès social et économique.
Voici quelques-unes de nos principales recommandations :
La réduction de la fracture numérique nécessite une réforme politique et réglementaire. Les dernières politiques en matière de haut débit au Bhoutan, au Bangladesh et au Pakistan ont été approuvées en 2014, 2009 et 2004, respectivement. Notre rapport reconnaît les efforts déployés par le Pakistan pour rédiger une nouvelle législation. Il recommande également un examen et une mise à jour cohérents des politiques et réglementations liées à l’Internet dans les trois pays.
Une infrastructure Internet solide est la base de la transformation numérique. Les citoyens peuvent consolider l’infrastructure Internet en déployant des réseaux de fibre optique et en connectant les pylônes à la fibre, en construisant une infrastructure de ligne fixe, en allouant des fréquences supplémentaires et en établissant des IXP par le biais de partenariats multipartites.
Les populations doivent travailler ensemble pour mettre en place des services numériques locaux, ainsi que développer des contenus innovants et des compétences. Pour stimuler une meilleure utilisation d’Internet et favoriser la croissance socio-économique dans tous les secteurs, il est nécessaire de renforcer les services numériques locaux, d’encourager la production et la distribution de contenu local et de consolider les compétences de la population active pour qu’elle puisse gérer les aspects techniques.